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Hollande et Macron : le testament empoisonné



Une analyse de Serge Federbusch pour FigaroVox !



Regarde mes pouces tourner
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Dans son interview récente au Point, menée par Franz-Olivier Giesbert, François Hollande se livre à une réécriture cocasse de l’Histoire. Des analyses douteuses dont le point de convergence est un conseil subliminal à Macron : « Fais comme moi, j’ai si bien réussi ! »

Hélas les faits sont autres et Macron devrait plutôt s’en inquiéter.

Il y a d’abord des considérations de politique pure. Hollande tente de charger les « frondeurs » indiquant à mots couverts à Macron qu’il ferait bien de de méfier des majorités turbulentes faites de bric et de broc. Suivez son regard en direction de Bayrou.

Mais le propos de François Hollande est incohérent. Il prétend ne pas avoir souffert des injures « excessives et donc insignifiantes » des frondeurs mais avoir « tout de suite compris que (leur) outrance serait suicidaire ». Mais, alors, pourquoi ne pas avoir dissous pour se débarrasser de ces éléments perturbateurs qui l’ont à ce point torpillé qu’il n’a pas pu se présenter pour un deuxième mandat ? C’est bien parce que ses résultats eux-mêmes étaient défaillants. Et, dans les faits, l’incapacité de Hollande à briguer un nouveau quinquennat doit aussi et surtout à la décision de Valls de se présenter. S’ils avaient concouru tous les deux, ils se seraient neutralisés et même ridiculisés, ce qu’Hollande savait bien. Tout cela conduit Hollande à des paroles nostalgiques et cyniques à la fois : « L’intérêt de Manuel était que je sois candidat … s’il ne le savait pas il le sait maintenant. »

Bref Hollande joue au Petit Chose en butte à des gens mal intentionnés. Il n’aurait pas réussi à s’en débarrasser faute d’être vraiment méchant. Tout cela ne colle guère avec les assassinats ciblés de jihadistes qu’il a avoués dans d’autres entretiens. La réalité est qu’il a été victime de ses échecs. Il semble en tout cas donner un autre conseil à Macron : « si vous êtes président sortant ne vous laissez pas embarquer dans des primaires ». « Mais alors, pourquoi les avoir acceptées ?» lui demande Gisbert. Réponse surréaliste de Hollande : « Je pensais qu’il n’y en aurait pas parce qu’elle n’avait pas lieu d’être » ! Une manière d’avouer qu’il n’adhère aux principes et aux idées que parce qu’il les croit inapplicables et qu’il pourra donc s’en dispenser. Du mitterrandisme pur jus !

Au sujet de Macron encore, il ne le voit certes pas comme un génie tactique : « Sa stratégie (de créer un mouvement) n’a donné de résultats qu’à cause d’un concours de circonstances ». Macron a eu de la chance et son principal mérite est surtout d’avoir su ne pas la gâcher. Mais Hollande ne se fait guère d’illusions sur la probabilité que cette chance dure au-delà d’une élection si tant est qu’elle le conduise à l’Elysée.

Le président sortant prophétise d’ailleurs un forme de retour au régime parlementaire : « Je ne crois plus à l’automaticité des majorités, la majorité parlementaire s’alignant systématiquement sur la majorité présidentielle. » Manière de dire que, quand bien même il serait élu, Macron ne disposerait pas forcément d’une Assemblée à sa botte.
Résumons-nous : lauréat d’un concours de circonstances, sans majorité au Parlement et, parmi ses propres troupes, avec beaucoup de dissidents modemistes et centristes potentiels, Macron risque fort d’être un président à la Pyrrhus, de connaître une victoire fragile et temporaire, qui n’aurait rien d’un triomphe et qui augurerait de jours difficiles.
Hollande ne se fait de toute façon guère d’illusion sur la marionnette Macron et la vacuité de son projet : « il faut un contenu qu’il doit affirmer encore. » Quelle meilleure manière de dire que tout cela est vide ?

En vérité, le souci principal de Hollande n’est pas Macron. Il est de tenter de montrer que ses successeurs, quels qu’ils soient, hériteront d’un bilan restauré par rapport à 2012. Ceux qui dissipent l’habituel enfumage hollandais savent qu’en réalité il n’en est rien. La position de la France en Europe et dans le monde s’est détériorée. Nos performances économiques étaient les meilleures après l’Allemagne sous Sarkozy. Elles sont les pires avant l’Italie avec Hollande. Dans tous les domaines : dettes, fiscalité, déficit, emploi, nous n’avons pas su tirer parti de l’ « alignement des planètes » dont Hollande pourtant se gobergeait.

Que cherche donc le futur ex-président dans ce plaidoyer pro domo ? A lire ses développements sur la priorité européenne on peut se demander s’il n’envisage pas une seconde carrière à Bruxelles, à la tête du pachyderme qui désormais appuie sur nos orteils quand nous voulons faire un pas.

Si Macron a appris quelque chose à l’Elysée et au gouvernement, il faut donc souhaiter que ce soit la méfiance vis-à-vis de ce que dit et fait l’actuel hôte des lieux, ambigu, manipulateur et retors jusqu’au bout. Mais il est peu probable que Macron ait les moyens politiques et même intellectuels de s’affranchir de ce qui restera la piètre entreprise « hollandaise » pour masquer l’abaissement de la France et son abandon aux forces incertaines de la conjoncture.
Ah ! Un dernier mot au sujet de la « République exemplaire ».

Hollande ose « qu’on ne pourra jamais apporter la preuve que durant son quinquennat il aurait commis un excès de luxe. » Il a dû oublier son coiffeur ! Décidément, et Macron devrait s’en souvenir, ce ne fut qu’une présidence tirée les cheveux …

Lundi 17 Avril 2017
Serge Federbusch






1.Posté par Jean-Pierre le 18/04/2017 13:30
Pourvu que Hollande ne resurgisse pas à Bruxelles d'un coup de baguette magique !
Il a fait tant de mal au pays que personne ne peut l'ignorer, écartez le.
Il faudrait l'assigner à résidence à Tulle dans une zone sans téléphone ni internet, en charge de l'animation du club de pétanque !

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